Notes pour COMMENCER – Juin 2009



01.06.09. Aller à Rennes.

02.06.09. Lendemain. Blanc.

03.06.09. 12h00. Ce qui secret. Loïse. Chez elle. 19h00. Guillaume, Tamara, oui.

04.06.09. Benoît. Arrivée vers midi. Manger ensemble. Concert-lecture lui et moi le soir, chez Cécile et Manu.

05.06.09. Benoît. Parler du projet Printemps. Aller marcher dans la ville après son départ. Ils sont où les loups. Ils sont de l’autre côté.

06.06.09. Benoît. Laurence. Antoine. Je ne peux pas trouver la mort logique dit-elle.

07.06.09. Le fait même que nous ne mangeons pas de tout étend les bornes de nos choix à des perspectives ébranlantes et prodigieuses. NOUS. Antoine Dufeu. Pornic. Une nouvelle librairie. Le Conseil Général sécurise les routes. Sécurisez votre conduite. Ici nous aménageons le CADRE de votre vie. Carrefour dangereux. Vitesse limitée. RAPPEL.

08.06.09. 11h00. Des livres que je n’avais pas avec moi hier. Les lui donner aujourd’hui. Dans un bar, place Bouffay. Autant en emporte le vent. Le soir.

09.06.09. 16h00. Ce qui secret. Loïse. Chez moi.

10.06.09. J’ai tué mon père. J’ai mangé de la chair humaine. Et je tremble de joie. Pasolini. Porcherie. Gilles de Retz. ‘‘Je ne sais, répondit le seigneur Gilles de Retz, mais j’ai de moi-même et de ma propre tête, sans conseil d’autrui, pris ces imaginations d’agir ainsi seulement par plaisance et déclaration de luxure ; de fait, j’y trouvais incomparable jouissance, sans doute par l’instigation du diable. Il y a huit ans que cette idée diabolique me vint ; ce fut l’année même où mon aïeul le sire de la Suze, alla de la vie à trépas. Or, étant d’aventure en la librairie dudit château, je trouvai un livre latin de la vie et mœurs des Césars de Rome, par un savant historien qui a nom Suétonlus ; ledit livre était orné d’images fort bien peintes, auxquelles se voyaient les déportements de ces empereurs païens, et je lus en cette belle histoire comment Tibérlus, Caracalla et autres Césars s’ébattaient avec des enfants et prenaient plaisir à les martyriser. Sur quoi, je voulus imiter les dits Césars et le même soir me mis à le faire en suivant les images de la leçon et du livre…’’. Ce que j’appelle la présence, là, c’est quoi, je ne sais pas, c’est le moment où le langage que je suis en train de mettre en forme m’émeut comme si c’était un dieu. Le moment où il devient par rapport à moi qui l’énonce un objet transcendant. Le but de l’art et de représenter Dieu. De le faire advenir. Hegel. Une présence qui n’est pas nous, qui nous ressemble beaucoup, qui nous dépasse de beaucoup, et qui apparaît dans le langage. Pierre Michon. Puis. Baudelaire. Cette vie est un hôpital où chaque malade est possédé du désir de changer de lit. Celui-ci voudrait souffrir en face du poêle, et celui-là croit qu'il guérirait à côté de la fenêtre. Il me semble que je serais toujours bien là où je ne suis pas, et cette question de déménagement en est une que je discute sans cesse avec mon âme. "Dis-moi, mon âme, pauvre âme refroidie, que penserais-tu d'habiter Lisbonne? Il doit y faire chaud, et tu t'y ragaillardirais comme un lézard. Cette ville est au bord de l'eau; on dit qu'elle est bâtie en marbre, et que le peuple y a une telle haine du végétal, qu'il arrache tous les arbres. Voilà un paysage selon ton goût; un paysage fait avec la lumière et le minéral, et le liquide pour les réfléchir!" Mon âme ne répond pas. "Puisque tu aimes tant le repos, avec le spectacle du mouvement, veux-tu venir habiter la Hollande, cette terre béatifiante? Peut-être te divertiras-tu dans cette contrée dont tu as souvent admiré l'image dans les musées. Que penserais-tu de Rotterdam, toi qui aimes les forêts de mâts, et les navires amarrés au pied des maisons?" Mon âme reste muette. "Batavia te sourirait peut-être davantage? Nous y trouverions d'ailleurs l'esprit de l'Europe marié à la beauté tropicale." Pas un mot. - Mon âme serait-elle morte? "En es-tu donc venue à ce point d'engourdissement que tu ne te plaises que dans ton mal? S'il en est ainsi, fuyons vers les pays qui sont les analogies de la Mort. - Je tiens notre affaire, pauvre âme! Nous ferons nos malles pour Tornéo. Allons plus loin encore, à l'extrême bout de la Baltique; encore plus loin de la vie, si c'est possible; installons-nous au pôle. Là le soleil ne frise qu'obliquement la terre, et les lentes alternatives de la lumière et de la nuit suppriment la variété et augmentent la monotonie, cette moitié du néant. Là, nous pourrons prendre de longs bains de ténèbres, cependant que, pour nous divertir, les aurores boréales nous enverront de temps en temps leurs gerbes roses, comme des reflets d'un feu d'artifice de l'Enfer!" Enfin, mon âme fait explosion, et sagement elle me crie: "N'importe où! n'importe où! pourvu que ce soit hors de ce monde!" 18h45. Ce qui secret, Frédéric. Café du Gaz. L’inconnu du Nord Express. Le soir.

11.06.09. POUR COMMENCER. Il écrit que toute femme est pensée comme une mère. Il écrit non. Il pense à payer son loyer. Il apprend à écrire. Non. Il apprend à dire. Non. Il commence par dire. Non. Maintenant. Pour le oui. Plier les A4 en écoutant Derrida.

12.06.09. L’adresse et les coordonnées de nos hôtes à Saumur. Conchi. Christian. Passer chez eux vers 18h30, 19h00.

13.06.09. Saumur. Rendez-vous est pris demain à 20h00, pour un covoiturage en direction de Paris. Le travail de fond, de fonte. ILS. Le font.

14.06.09. Saumur. Une deuxième passagère. Non. Trop tard. Elle a déjà un billet pour partir en train. Soirée Du Nerf le 3 juillet sous le titre de ‘‘En cas d’absence’’. Pour ceux qui ne peuvent être là. Expliquer. Jouer de. Cette absence. Que chacun trouve sa forme. Sa forme d’absence. Son temps de présence. Lire. Exposer. Montrer. Répondre. Laisser un message. Un système son. Un micro. Amplifier le son de la voix. Un système son. Quelque chose en plusieurs versions. Voyage à Paris avec je ne sais plus qui. Un je une homme [lapsus de clavier pour ‘‘un jeune homme’’].

15.06.09. Aubervilliers. Deux codes d’accès. Troisième étage, porte gauche. Deux nouveaux codes d’accès. Changement demain. 20h30. La contrebasse. 20h10. Retirer les billets. Natascha. Myriam.

16.06.09. Aubervilliers. COMMENCER. Matinée avec Perrine. 15h30, Ce qui secret, Olivier. Faire des dossiers. Pour avoir des lieux. De travail. Qui est payé. Pour quel travail. 20h00. Bérénice. Acte II, scène 1 ou 2. Votre amour n’a-t-il que des états qui ne puissent se donner.

17.06.09. Aubervilliers. Envoyer les mails pour la soirée Du nerf le 3 juillet. En début d’après-midi, récupérer les livres invendus dans certaines librairies. Laisser des A4 dans certaines librairies. 19h00, 20h00, réunion de l’Impossible chez Poup et Sylvain. À Nantes, projection de Séparation des sœurs siamoises.

18.06.09. Paris. 12h00. 13h00. Place Saint-Sulpice. Marché de la poésie. Soirée avec Sophie. Pendant ce temps, Françoise Valéry fait une lecture rue Saint Sabin, à Paris. Pendant ce temps, Lucien Suel fait une lecture à la bibliothèque anglophone d’Angers.

19.06.09. Paris. Ici, vente de plans du cimetière, de cartes postales, de souvenirs, de boissons. Ici, marché de la poésie.

20.06.09. Paris. Des personnages. Des êtres réels. L’ami poète [réel]. Le philosophe [une voix]. L’homme à la rue [le vieil homme et ses sacs]. Opréa Daniela. L’homme seul au chômage qui devient fou. L’homme à la rue [l’homme au couteau, l’homme qui t’a planté un couteau dans le mollet droit]. La femme à la rue [plantée au milieu des flux des passants]. Ça te rappelle des souvenirs. Tant pis pour toi. On a la petite table blanche. Ce soir on va faire encore mieux. PARCE QUE MAMAN VIENT. Marché de la poésie. Soirée remue.net au Centre Cerise. Les amis. Les rencontres. Écouter. Lire. Écrire. Manger ensemble. Se regarder. Ne pas rester. Rester. Continuer. À Nantes, projection de Séparation des sœurs siamoises.

21.06.09. Paris. Dimanche. Dernier jour du marché de la poésie. Journée entière. Prendre la route dès la fermeture. Rentrer.

22.06.09. Journée à la plage. Noirmoutier. ‘‘On dirait qu’il voit avec ses doigts.’’ Page 181.

23.06.09. ‘‘Nous avons toujours été loyaux envers les causes perdues, dit le professeur. Pour nous le succès est la mort de l’intellect et de l’imagination. Nous n’avons jamais été loyaux envers ceux qui réussissent. Nous les servons.’’ Page 196. ‘‘… et la rage au cœur, vous servir.’’ Schiller. ‘‘J’ai souvent pensé depuis en me remémorant cette époque étrange que c’était ce petit geste, trivial en soi, le frottement de cette allumette, qui a déterminé toute la suite de nos deux vies.’’ Page 205. La grandeur que fut Rome. Les Water-closets. L’eau courante. Rome / l’empire britannique. Grèce / Irlande. Empire britannique / Irlande. N’ont jamais mis les pieds chez nous. Page 193. La religion juive. N’attendent pas le messie. Mal dit. Le messie comme une fin. La venue du messie [un corps] achève l’attente. Et l’ouvre à l’expérience des conséquences de sa venue. Le prophète, pareil. La religion juive est la religion de l’in-fini. Mal su. Évidemment je suis juif, mais sans dieu. ‘‘En scène maintenant. Ose-le. Que la vie soit.’’ Page 212. 19h00, Ce qui secret, Internet, Guénaël, Guillaume, Frédéric, chez Guillaume

24.06.09. Lucie. William Hunt. Je me suis oublié en te regardant. État des stocks des livres Ce qui secret susceptibles d’être vendus. 14H00, Ce qui secret, John. À 21h00, projection de Séparation des sœurs siamoises au Cinématographe.

25.06.09. 21h21. Le cœur fantôme. Garrel. Les pouvoirs de l’argent, des médias, et de la police. Leur liberté. Notre liberté. […] Que nous ne sommes pas libres. […] Je ne te le lis pas en entier. Juste la fin. Nous avons la liberté du droit, nous n’avons pas celle de la vie. En nous imposant l’image de la liberté qu’ils nous concèdent, ils nous empêchent d’imaginer ce que serait la vraie liberté. Aussi nous sommes incapables de penser collectivement ce que nous ressentons individuellement. C’est pourquoi chacun continue de lutter seul. Enchaîné par le travail auquel sa survie et celle des siens, qu’il doit malgré tout mener sans même avoir conscience de ce qu’il fait, l’oblige, isolé dans le temps de sa propre vie. Quand cela finira-t-il ?

26.06.09. 21h45, 25 quai de Versailles. Performance de Maud. Recevoir la proposition d’une ou d’un autre comme une partition à incorporer et à réinterpréter.

27.06.09. 14h00, Ce qui secret, Frédéric, quai de la Fosse. Dans l’après-midi, La meute attaque le Lieu unique.

28.06.09. Lucien. Rêve. Le laisser mourir dans une boîte de pâté, dans son frigo, ne pas le laisser mourir, le laisser vivre, lui poser les questions devant d’autres. La peur qu’il se venge ensuite, qu’il me retrouve et qu’il se venge de la manière dont je m’y suis pris pour lui faire dire s’il m’a branlé, oui dit-il et toi aussi tu m’as branlé et ta petite copine aussi, à l’étage. Ta pine tapine à l’étage. Chantelle. Communauté / amour. Société / loi

29.06.09. 20h00. Suite de la lecture de Cercle chez Christine et Guillaume. Christine, Guillaume, Jeanne, Marie, Olivier.

30.06.09. Téléphoner à Jérôme pour la lecture Du Nerf le 3 juillet. 19h00, réunion du C.A. de Ce qui secret.