[11.07] [2ème conférence]. C’est dedans. C’est dehors. C’est deux hors. C’est deux dans. C’est deux temps. C’est. De temps en temps : un. C’est. De temps en temps : deux. C’est. De temps en temps : dehors. De temps en temps : dedans. C’est. De temps en temps. Dehors. M’entre dedans. Par le temps. Parle tant qu’à la fin se forme un corps. Ici. Première action. Le regard. Le regard comme une action première. Le regard, comme une action de retour. Vers devant. Le regard : comme une action confrontant deux vents contraires, en présence, deux regards braqués l’un vers l’autre. Deux corps. Face à face. Nous sommes. Deux. Nous sommes. Deux temps. Deux dans. Deux hors. Nous sommes. Combien de corps. À l’intérieur. Combien de corps à l’intérieur de chacun de nos deux corps. Ici. Premier état. Ici. Premier jour. Ici. État du jour premier. État du lieu présent. Ici. État des lieux. Deux corps. Un seul espace. Interruption.

Ici. Je réinventerai le présent de ma vie. Ici. Je dirai très vrai l’état présent du temps. Pour ce que j’en sais. Je dirai le temps tel qu’en mon corps je l’entends. Je suis l’interprète. Je traduis le temps. J’interprète une partition pour dire. Qui est dedans. Combien sont dehors. J’interprète une partition. Afin de traduire l’état du lieu. Je cherche une phrase dans l’espace pour traduire l’état du lieu. Je cherche une langue dans l’espace pour comprendre la phrase qui vient. Je vais trouver une langue. Je vais trouver la phrase. Je vais comprendre l’incompréhensible.

Je veux comprendre la distance. Entre ce que tu vois. Et ce que je montre. Je veux parcourir cette distance. Je veux connaître l’espace. Entre ce que tu vois. Et ce que je dis. Entre ce que je dis. Et ce que tu entends. Je vais écrire une fiction dans l’espace pour dire la parole que tu lis tandis que je l’invente. Je vais écrire une fiction dans l’espace pour dire la parole que tu lis tandis que je découvre ce que j’invente. Je vais écrire la fiction de l’incompréhensible dont ta lecture est la seule traduction. Je vais écrire comment la fiction se tient dans ta seule lecture. Dans ton seul regard. Car je n’invente rien. Ce que je dis est vrai. Toujours. Quand bien même je l’ignore. Je ne sais rien faire d’autre que dire le vrai. Je ne peux rien faire d’autre que dire le vrai.

Ici. Il raconte sa vie. Et personne. Ne comprend. Il dit : quel bonheur, quel plaisir, que de ne pas se comprendre. Il dit. Je voudrais juste trouver un mot. Une phrase. Une langue. Je voudrais juste trouver un corps. Je voudrais trouver un rapport juste. Entre une langue et un corps. Et là tu comprends. Tu peux pousser ça très loin. Jusque dans l’invisible. Entre tous les corps. Parce que la fiction, tu comprends, c’est l’espace. Non. La fiction, c’est le chemin dans l’espace. Et le vrai, le vrai, ce sont les corps. Et la fiction, ne s’oppose pas au vrai. Attention. Le vrai. Le vrai, c’est qu’il y a un trou dans l’espace. C’est tout. Et c’est le trou qui est à trouver. Et le vrai, c’est le chemin, à tracer, pour accéder au trou dans l’espace. Le vrai, c’est le temps nécessaire à ton corps pour écrire dans l’espace le chemin vers le trou. Et l’espace. Est très vaste. Et le corps. Est petit. Et le trou. Est un accès. Vers un autre espace. Et l’espace. Est très vaste. Et l’espace. Est à trouer, par le corps. Et le corps cherche où trouer l’espace. Chaque corps. Cherche. Où trouer l’espace. Pour y glisser sa phrase en cours. Quand tu regardes le ciel. La nuit. Les tâches blanches et brillantes. Là-haut. Ce ne sont pas des étoiles. Ce sont les trous de nos phrases qui nous regardent. C’est tout. C’est tout pour aujourd’hui.